




SOTO
RAFAEL
JESÚS
BIOGRAPHIE
« A onze ans, j'ai commencé à gagner ma vie en dessinant des lettres et des trucs divers, comme des enseignes pour les magasins. (...) J'ai ensuite obtenu un travail de peintre d'affiches pour un cinéma ; j'arrivais à en produire jusqu'à cinquante par jour, mais en même temps je prenais la liberté de peindre des personnages pour annoncer les grands films.»
-----JESÚS-RAFAEL SOTO
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L'artiste Jesús-Rafael Soto naît le 5 juin 1923 à Ciudad Bolivar, ville située aux confins de la forêt vierge, au Venezuela. Il décède le 14 janvier 2005.
Vers l'âge de douze ans Jesús-Rafael Soto commence à apprendre la guitare. C'est aussi l'époque où il se met à copier les reproductions de tableaux qu'il trouve dans des revues, des livres et des almanachs. À seize ans, il devient peintre d'affiches pour les cinémas de Ciudad Bolívar.
A partir de septembre 1942 Jesús-Rafael Soto étudie à l'Ecole des Beaux-Arts de Caracas. À partir de 1943 et jusqu'en 1949, Soto expose chaque année au Salon d'Art vénézuélien de Caracas. Sa peinture est à cette époque influencée par Cézanne, conformément à l'enseignement de Monsanto. En 1947, à la fin de ses études, il est nommé directeur de l'École des Beaux-arts de Maracaibo.

Sa première exposition solo se déroule en 1949 au Taller Libre de Arte de Caracas. Pour sa première exposition personnelle, Soto présente quatorze tableaux (paysages, portraits, natures mortes) et quelques dessins au Taller Libre de Arte de Caracas, lieu de rencontre de nombreux jeunes artistes et intellectuels (c'est là qu'un an plus tôt eut lieu la présentation des œuvres du groupe argentin Arte Concreto lnvención, considérée comme la première exposition d'art abstrait au Venezuela).
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Soto correspond avec Otero, qui l'incite à le rejoindre à Paris où il s'est installé en 1945, suivi de plusieurs anciens élèves de I'École des Beaux-Arts de Caracas. « À mon arrivée à Paris, tout l'art était fait de formes qui me rappelaient celles que j'avais utilisées pour réaliser des portraits ou des paysages. Y compris les artistes géométriques qui ne me paraissaient pas des artistes abstraits. Je voyais des compositions de losanges, de triangles, de polyèdres, toute une série d'éléments qui avaient été en fait suggérés par la réalité figurative, et j'étais sûr que la peinture figurative utilisait pour sa composition interne le même système que la peinture dite abstraite. Pour moi, ce n'était pas l'abstraction, mais la simplification de la figuration. »
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En 1955 Jesús-Rafael Soto participe à l'exposition "Le Mouvement" organisée à la galerie Denise René, véritable acte de naissance de l'art cinétique. Participent également à l'exposition : Alexander Calder,Marcel Duchamp, Victor Vasarely, Yaacov Agam, Pol Bury et Jean Tinguely. Soto présente plusieurs reliefs en Plexiglas, dont Métamorphose (1954), Déplacement d'un élément lumineux (1954), Cubes suggérés (1955) et Métamorphose d'un cube (1955).
En 1961 Jesús-Rafael Soto participe à l'exposition internationale d'art cinétique "Bewogen Beweging" organisée par Daniel Spoerri au Stedelijk Museum d'Amsterdam. « Que représente cette peinture? » Les spectateurs les plus hardis avancent quelques suggestions: est-ce que cela représente les fibres du bois? Ou est-ce que cela a quelque chose à voir avec l'énergie électrique? En tout.cas la plupart des visiteurs reconnaissent immédiatement l'élément dominant : le mouvement. C'est le mouvement qui se trouve en effet traduit par la volonté esthétique de Soto. [...] Des vibrations à l'apparence changeante et imprévisible naissent à la vie, alors que dans le même temps de nombreuses surfaces virtuelles apparaissent entre les lignes et dans les espaces ouverts, où elles figurent côte a côte et s'interpénètrent indéfiniment. Un jeu de lumière et de formes qui ne peut que fasciner le spectateur, ou à tout le moins retenir son attention.
Soto obtient le Prix national de Peinture du Venezuela grâce à une Vibration blanche, constituée d'un fil de fer tordu contre un fond rayé irrégulièrement exposée au Salon annuel d'Art vénézuélien.
Il donne à cette occasion plusieurs interviews dans la presse de son pays.
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La première tranche du Museo de Arte Moderno Jesús Soto est inaugurée dans la ville natale de l'artiste le 25 août 1973 par le président de la République vénézuélienne, Rafael Caldera. L'exposition inaugurale présente des œuvres de Arp, Colombo, Sonia Delaunay, Dewasne, Kubicek, Le Parc, Morellet, Sobrino, Soto, Uecker... La collection s'organise autour d'ensembles représentatifs de l'art constructif historique, de l'art optique et cinétique, ainsi que du Nouveau Réalisme.
Une rétrospective de l'artiste se déroule en 1974 au Musée Guggenheim de New York.
En 1999 Jesús-Rafael Soto devient Docteur honoris causa de l'Université de Carabobo au Venezuela.
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1948 photo Carlos Cruz-Diez
VIBRATION 1959

Jesus Rafael Soto, Vibracion, 1959
QU'EST-CE QUE L'ART POUR SOTO?
Je pense que l’art doit être positiviste. Il doit contribuer à la formation de la société à un niveau très professionnel; puisque nous sommes des artistes formés dans le monde occidental, avec la pensée occidentale, l’art doit évoluer avec le même sérieux, du même pas que la philosophie, l’investigation scientifique, les mathématiques. Pour moi, l’art est valable à partir du moment où cette évolution est justifiée rationnellement.
----JESÚS-RAFAEL SOTO
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Parlons d’une œuvre en particulier : « Vibration » (1959). Cette œuvre peut être observé au Musée d’Art de Nantes. Ce sont deux taches claires qui rayonnent sur un fond brun peint à grands coups de brosse. Des traits verticaux jaunes peuvent être aperçus à gauche et de fines lignes blanches verticales à droite. Devant ces lignes blanches se trouve un tas de fils de fer emmêlés. Ce désordre devant le fond très régulier donne une impression de vibration, laquelle est engendrée par le mouvement du spectateur.
Cette œuvre est abstraite et évoque une illusion optique grâce à la superposition d’ordre et de désordre. La simplicité du matériel et la complexité d’effet optique sont juxtaposés, comme le sont la neutralité de couleur et la mobilité rythmique de la vibration. Bien que la tache jaune ne provoque pas le même effet que la tache noir et blanche, elles se ressemblent car la vibration peut être ressenti dans le trait jaune et le fond, qui ne sont pas lisse mais presque pointillés, comme si le tableau tremblait pendant l’application de la peinture. Mais la vibration de la partie noir et blanche est plus évidente et nous donne l’impression que le tableau rayonne encore. La vibration est un sujet très ambiguë et peut être origine de nombreux sentiments du peintre, comme le tremblement de peur, l’excitation sexuelle, la nervosité, le froid, l’anxiété, la rage, la vieillesse, la maladie, etc. La vibration peut aussi être perçue d’une manière plus mécanique, comme si elle était par exemple provoquée par l’électricité.
Chaque souffle, chaque battement de coeur, est un mouvement suffisant pour produire l’effet d’illusion. C’est notre cerveau qui leurs donne vie. L’énergie qu’on dépense en bougeant, nous est reflétée dans les yeux en retour, comme des concessions mutuelles, une entente juste et satisfaisante entre l’œuvre et le spectateur.
Les sollicitations visuelles de l'op art et l'art cinétique placent le corps du spectateur en situation instable, entre plaisir et déplaisir, plongé dans une sensation de vertige proche de certains états d’ivresse légère. Ce phénomène est parfois renforcé par le caractère monumental des pièces, parfois des environnements, voire dans le cas d’art optico-cinétique de réelles sources de lumière jaillissant de l’ombre.
À Maracaibo, je me suis entièrement donné à I'École des Beaux-Arts, comme directeur et professeur, et aussi à l'extérieur. J'apprenais à ceux qui le voulaient comme à ceux qui ne le voulaient pas à reconnaître Picasso. Une tâche terrible car les professeurs avec qui j'étais à l'école ou au lycée s'opposaient à mes idées et détruisaient mon travail auprès des élèves. [...] Durant tout ce temps, il devenait chaque jour plus nécessaire de sortir de Maracaibo, du Venezuela, de chercher d'autres informations sur ce qui se passait dans le monde sur le plan de l'art.
----JESÚS-RAFAEL SOTO
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Et c'était l'Europe, Paris, où je voulais aller. Beaucoup d'artistes vénézuéliens allaient au Chili, au Mexique ou aux États-Unis. Pour moi l'objectif idéal était la France.[...] J'étais dans un tel état de désespoir qu'un jour j'ai fermé l'école et je suis parti en abandonnant tout, je suis parti à Paris !
----JESÚS-RAFAEL SOTO
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Aux Réalites Nouvelles, j'avais vu les premières œuvres de Soto. Tinguely, qui venait d'arriver à Paris, avait exposé en 1954 quelques-uns de ses premiers reliefs Méta Malévitch à la Galerie Arnaud.
Agam avait montre ses premières œuvres transformables chez Craven. Je venais de découvrir Pol Bury. J'eus l'idée de grouper ces artistes pour "prendre date". Il ne s'agissait pas de faire avec cette première manifestation une encyclopédie, mais de réunir immédiatement, ces novateurs.
Ce fut un choc, c'était inattendu, jeune, stimulant. Un tournant important à un moment où nous avions à lutter contre la vogue de l'expressionnisme abstrait.
----DENISE RENÉ à Gilles Plazy 1983
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DÉVELOPPEMENT DE STYLE
1944 - 1949




Jesus Rafael Soto
El puente 1946 (48 x 68 cm)
Paisaje 1947 (76 x 66 cm)
sans titre 1945 (59 x 44 cm)
sans titre 1947 (45 x 63 cm)
Cacharros 1948 (52 x 58 cm)
sans titre 1950 (81 x 71 cm)
sans titre 1950 (61 x 50 cm)
1950 - 1959












Composition dynamique 1950 (74 x 61 cm)
Composition dynamique 1951 (100 x 64 cm)
Répétition optique N°2 1951 (189 x 130 cm)
Répétition et progression 1951 (130 x 180 cm)
Parallèlles Interférentes 1952 (120 x 120 x 6 cm)
Progression 1952 (100 x 100 cm)
Étude pour une série 1952-1953 (100 x 100 cm)
Peinture sérielle 1952 - 1953 (100 x 100 cm)
Boîte 1955-1964 (32 x 31,7 x 15,7 cm)
Métamorphose 1954 (100 x 100 cm)
La tache blanche 1959 (100 x 160 cm)
Harmonie transformable 1956 (100 x 40 x 100 cm)
Vibraciones 1959 (70 x 127 cm)
